Ce livre est dédié à ses lecteurs, et à tous ceux qui, à tort ou à raison, rêvent d’un monde meilleur.

C’est le propre des personnes réservées de ne pas discourir dans le vide et du coup de ne pas noyer les sujets essentiels dans un flot d’éloquence

Ses paroles claquèrent comme un coup de tonnerre dans la nuit. «Tu as quelqu’un dans ta vie ?»

Bien qu'à cet instant précis, le monde entier se fichait éperdument de ce qu’il pouvait se passer dans le village de Trou, aux abords de la maison des Lachance. Et pourquoi tant de dédain ? Car d’une part, personne ne connaissait cet endroit situé au fin fond d’une vallée perdue, mis à part ses habitants. Et car, d’autre part, ces derniers étaient bien placés pour savoir qu’il ne s’y passait jamais rien. Et puis enfin, le monde avait bien autre chose à faire : en effet, près des trois quarts de la population étaient occupés à tenter de s’autodétruire et les autres essayaient de survivre. Et pourtant, ce qui allait se produire, ce soir-là, en ce lieu parmi les plus égarés de la Terre, changerait le destin du globe, aussi sûrement qu'un éternuement de musaraigne peut provoquer un séisme à l'autre bout de la planète. Que dis-je, cet évènement influerait même l'avenir de l’Humanité de manière irrémédiable. Car celui qui s'aventurait à cet instant précis, à la nuit tombée, dans cet endroit perdu… n’était pas arrivé par hasard. Encore fallait-il qu’il se souvienne pourquoi…

Les voyages sont propices à la résurgence de pensées enfouies dans notre mémoire.

Et c’est ainsi qu’une simple décision en apparence anodine peut changer le cours des choses.

Mais l’Histoire ne serait jamais qu'un éternel recommencement. Il avait espéré une prise de conscience planétaire, une réflexion collective à propos de l'explosion de la démographie, de la répartition des habitants, des logements et autres problématiques de la plus haute importance qui auraient dû avoir lieu des décennies auparavant.

En étant neutre, on pouvait essayer de rétablir un semblant de paix entre deux contrées qui se battaient depuis des millénaires. Au fil du temps, il élargit cette orientation, pensant que le monde avait été assez gouverné par la force, la violence, le pouvoir et qu'à présent il était temps que les hommes se mettent à réfléchir. On pouvait aussi prendre en considération la répartition des populations et des richesses par rapport aux ressources naturelles et pour finir, employer ces dernières sans les épuiser.

À présent, la résolution de plusieurs de ces problèmes liés les uns aux autres viendrait de la capture d’un individu détenant une capacité de nuisance hors du commun et assez d’énergie malfaisante pour participer à tous les mauvais coups de la planète. Un seul humain pouvait se trouver à l’origine de la disparition de toute une espèce ! ... Ce n’était pas non plus le moment de se demander si sauver l’Humanité constituait une bonne action ou non. L’objectif de Nicolas restait que le genre humain vive le plus en harmonie possible. Hors de question que des innocents souffrent au nom d’idéologies vaseuses.

Par contre il ne savait pas si ses deux protégés, Lisa et Vic, se décideraient un jour à réaliser que des liens bien plus forts que l'amitié les attiraient l'un vers l'autre.

Quelle chance on a d’être entourés de ces gens qui connaissent tout sur tout ! Ainsi, le jour de la fin du monde, grâce à eux, on saura quoi faire.

Même dans un troglodyte au fin fond d’une région déserte, il y aurait toujours quelqu’un pour gravir la montagne, venir gratter à votre porte, vous annoncer LA nouvelle.

Une conversation planétaire, tellement virale qu’elle se propageait par tous les moyens, dans le moindre recoin. Déformée, amplifiée, source de tous les déchaînement.

On pouvait à présent concevoir des bébés clones choisis sur catalogue. Les échantillons proposés étaient constitués de souches assez abouties pour satisfaire aux canons en vogue du nourrisson. On oubliait vite ceux pour lesquels la chance n’avait pas daigné pointer son nez. Bientôt, les parents eux-mêmes pourraient commercialiser le modèle génétique de leur enfant parfait.

Nicolas avait écarté la couverture, il gardait son visage contre le poupon endormi, cala sa respiration sur la sienne. Le bébé était langé, son petit corps était protégé uniquement par un linge fin laissant les bras, les jambes et les pieds nus. Le souffle chaud de l’homme se promena sur la peau de l’enfant, il nicha son nez au creux de son cou, il avait envie de prendre un petit pied dans la bouche tellement il semblait parfait et vivant. Le nourrisson sentit la présence et la chaleur humaine, ouvrit de grands yeux brillants. Son regard d’abord vague se précisa puis se posa sur Nicolas. Le bébé sourit, découvrit les gencives et un morceau de langue rose. Ses mains et ses pieds minuscules se mirent à bouger en tous sens. Sacré bout de chou ! Le sédatif administré par les apparentuteurs n’engourdissait pas une curiosité d’esprit qui paraissait déjà insatiable ! Nicolas ressentit la plus immense fierté de sa vie. Il songeait déjà à tout ce qu’il pouvait prodiguer à Vic de meilleur et tout ce que l’enfant serait capable de faire, d’apprendre de lui et de lui enseigner à son tour. Il imaginait des milliards de choses et était loin de se douter que ce serait infiniment plus que tous les espoirs qu’il fondait en cet instant magique. Nicolas dut se faire violence pour interrompre ce moment. Le petit allait avoir faim, et l’avion attendait. Il redémarra et les conduisit vers leur destin

L’amour ne pouvait être forcé mais il saurait d’instinct le rendre heureux car toute sa volonté était tendue vers cet objectif, il fit cadeau à l’être aimé de tout ce que la vie peut offrir de mieux.

N’empêche, la dernière fois qu’elle était sortie de la salle de bains, le plafond s’était écroulé. Sur lui.

Les notes d’espoir qu’il attendait s’élevèrent.

Comme quoi, ce qu’il se passe dans les endroits les plus reculés, peut déterminer des conséquences universelles, et le fait que tout le monde s’en contrefiche n'y change rien.

«Tu as survécu à seize ans de vie avec ta mère, aucune mission ne te semblera plus dangereuse…»

Il y a parfois cette étoile très brillante dans le ciel qui vous montre la route.

On était la veille du jour où tout allait se passer. Ça laissait quelques heures pour espérer que rien ne se passe.

Leurs corps fusionnèrent et cela produisit comme une décharge électrique lorsque leurs peaux se touchèrent, leurs parfums se mêlèrent, leurs chaleurs et leurs ondes se réunirent. Lisa, les bras autour du cou de Vic, le nez dans son torse, Vic, les mains enserrant les hanches de Lisa, le visage enfoui dans la douceur de ses cheveux.

«Demain… euh… C’est dans longtemps»

Vous avez sans doute remarqué qu’on passe des années devant quelque chose ou quelqu’un sans le voir, et puis un beau jour on en découvre l’existence.

«J’en profite, puisque vous ne pouvez plus vitupérer. Moi aussi j'ai une idée d'acte citoyen ! Que diriez-vous si l’on récupérait cette formidable énergie que vous employez très mal ? On pourrait dépolluer un continent, j’en suis certaine ! Au moins vous vous rendriez utile. Finie la production d’électricité nucléaire ! Finies les éoliennes qui détériorent le paysage, les barrages hydrauliques meurtriers, les mines de charbon qui rendent le ciel gris."

Le doute n’épargne pas les meilleurs.

On a beau connaître les mécanismes de la manipulation, il peut arriver que l'inconscient décide de se laisser faire... Jusqu’à un certain point. Il arrive aussi que le manipulé devienne manipulateur ou que les deux personnalités se confondent.

Avec des si en cascades on pouvait refaire le monde.

Son instinct de chat lui dictait qu'on peut accomplir de grandes choses en restant chez soi, sans se salir, ni les coussinets ni les moustaches, et sans attraper froid.